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Textes — Notes sur mon travail

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Notes sur mon travail

La photographie contemporaine est marquée par trois orientations principales. La plus courante est celle de la photographie documentaire qui porte un regard critique ou non sur la réalité. La photographie narrative se rapproche plus du cinéma et du journal intime. La troisième orientation s’inscrit dans la tradition picturale et donne à voir des « tableaux ».

Mon travail se situe à la croisée de ces trois grands axes. J’assemble des morceaux du monde matériel, des éléments personnels ainsi que de l’histoire de l’art et de la photographie. Avec ces fragments, je construis une narration particulière, qui n’est autre que l’exploration de ma propre expérience de la réalité. Cette conception éclatée et protéiforme de l’image ouvre un large champ d’interprétations et de lectures au regardeur. La photographie s’est donc imposée à moi comme une évidence. En effet, la pertinence de ce médium me permet de traiter les problématiques qui me sont chères. Pour moi, la photographie est à la fois un outil pour interroger le monde matériel, la mémoire humaine et explorer des thèmes tels que la violence, l’amour, le désir, la monstruosité, la nature humaine et ses paradoxes.

Mes photographies et mes vidéos sont le fruit d’une longue maturation à l’atelier. Travailler ainsi me permet de tendre progressivement mes compositions, de jouer avec la lumière et de faire évoluer mes problématiques. J’essaie d’aller à l’essentiel, de ne laisser que les éléments nécessaires et de les articuler pour essayer de faire une image la plus juste possible en fonction de ce que je veux développer. Le fait de laisser mûrir une œuvre permet aussi de voir si elle a suffisamment de force et d’autonomie pour durer dans le temps. En dernier lieu, se pose la question du format. Je préfère choisir le format qui convient le plus à mon sujet. C’est pour cela que l’on peut trouver dans mon travail des photos qui font 220x170 cm et d’autres qui ne font que 10x10 cm.

En ce qui concerne mes vidéos, plastiquement, elles s’approchent de plus en plus de photographies à peine animées soit par la respiration de la personne filmée soit par de légères variations de lumière, etc. Je cherche une sorte de degrés zéro de la vidéo qui répondrait au principe de la photographie sans la dimension mortifère de l’image fixe.

Par ailleurs, j’ai aussi une pratique de la sculpture qui n’est pas à proprement parler de la sculpture classique. Par exemple, “Noos” et “Bang Bang” sont des structures d’éléments gonflables. Depuis 2010, j’ai commencé un ensemble de sculptures intitulé “Compositions”. Chaque sculpture est constituée de l’assemblage de différents objets qui m’ont servi dans des photographies ou des vidéos. Ainsi de nouveaux liens sémantiques se créent entre les différents pans de mon travail.

Frédéric Nakache